7 mars 2017

Confiture douceâtre


"Ils se croyaient sages, ils se croyaient stables, ils se croyaient heureux. Ils étaient capables des plus fortes colères, des plus violents courages pour défendre contre tous les changements, toutes les forces la sagesse, la stabilité, le bonheur de leur petite vie exigeante. Ils pensaient avec une haine profonde aux révolutions, aux ouvriers qui les feront. C'étaient des hommes qui aimaient les gendarmes. Et Antoine vivait parmi eux, il était l'un d'eux; mois après mois, il s'enfonçait dans cette confiture douceâtre d'habitudes, il s'endormait, il ne pensait plus guère à ses échecs, à ses anciens rêves, à ses anciennes colères, peut-être se croyait-il comme ses voisins sages, stables et heureux."

Paul Nizan, Antoine Bloyé, Grasset, Paris.

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