18 septembre 2011

Les vestiges de la rue Riquet


"Le paysage depuis la rue Riquet, là où elle passe en pont au-dessus des voies de la gare de l'Est, est pour moi l'un des plus beaux de Paris, circonférentiel, immense, vers la rue d'Aubervilliers et le bâtiment désaffecté des pompes funèbres municipales construit par un émule attardé de Ledoux, vers les ateliers de réparation du matériel roulant des chemins de fer du Nord dont les toits en demi-cônes emboîtés évoquent les écailles d'un reptile préhistorique."

Eric Hazan, l'invention de Paris, il n'y a pas de pas perdus, 2002. 



On reconnaîtra le gros dos du reptile préhistorique sur la première image, les pompes funèbres désaffectées sont devenues le 104.
Hazan eut pu ajouter la rue Pajol à son panorama, avec les halles du même nom, un temps reconverties en atelier par Regazzoni. On les distingue au loin, sur le billard, en pleine opération chirurgicale. Le grand vide devant c'est le trou laissé par l'atelier ferroviaire "reptile", flingué, Dieu et RFF seules savent pourquoi. Préhistorique, il n'aura pas résisté au réchauffement climatique du quartier, de même que la rotonde, sa comparse, envahie par les herbes folles. Fin d'une époque.


13 septembre 2011

Les recoins de la rue Volga

Par cette nouvelle série de rentrée, je tente ici une association d'extraits choisis du superbe bouquin d'Eric Hazan "L'invention de Paris" avec des images de ma composition. Pantruche! A nous deux....


"Sur les derniers contreforts de Charonne entre la rue de Bagnolet—d'où l'on aperçoit la cime des arbres du Père-Lachaise dépassant les murs au fond de ravissantes impasses—et la très prolétarienne rue d'Avron qui marque l'arrivée dans la plaine, des rues récentes s'intriquent avec des rues de village qui sont, avec la périphérie de la Chapelle, ce qu'il y a de plus loin de tout à Paris: la rue des Maraîchers qui longe la voie du chemin de fer de ceinture où pousse une forêt sauvage, la rue Fernand-Gambon d'où l'on aperçoit sur les hauteurs les ruines d'une gare à la Magritte, perdue dans le lierre, les entrepôts de la rue du Volga (sic) et de la rue des Grands-Champs, et ma préférée, la rue des Vignoles. Là, entre toutes les maisons se faufilent des passages—impasses des Souhaits, de la Confiance, des Crins, de Bergame, impasse Satan en face du passage Dieu, et une impasse sans nom où flotte le drapeau noir et rouge de la CNT. Ils n'ont pas deux mètres de large et partent vers des palissades, des ateliers, des portes branlantes."

Eric Hazan, l'invention de Paris, il n'y a pas de pas perdus, 2002.