27 février 2008

Poussière d'Uckange


"Les rafles se succèdent au cœur de Paris: la dernière portait le joli nom de "salubrité".

A Saint-Denis, soixante clandestins turcs dénoncés par leurs voisins. A Douai, dix basanés menottés de manière musclée en pleine audience. Les tribunaux en vertu d'une loi de 1983, ont acquis le droit de reconduire les indésirés à la frontière séance tenante..."

"(...) photos sépia "l'image de la guerre"-celle de 14-18 s'entend. Quelques légendes (...) : "Les Spahis gardent leurs coutume: chaque jour le metchoui les réunit." (...) "Les Sénégalais et les Soudanais arrivés en France...sont habillés à la française avec la capote du fantassin et la bourguignotte des tranchées!"

Extrait de "ça n'arrive qu'aux autres" de Bernard Thomas, chronique du Canard Enchaîné du 21.9.1983.

19 février 2008

Steel here



Il est des cathédrales qu'on bichonne et qu'on gratouille au coton tige, qu'on enveloppe et qu'on cageole... Et pi d'autres qui sont autant de verrues au yeux de l'engeance bien pensante, qu'on aimerait oublier, foutre par terre, ensevelir avec les mémoires des bougres qui y ont laissé la chair, la santé, le souffle...Place nette, on y ferait un centre commercial, y aurait un drive-in, un multiplex, pi tiens un parc de loisir...Gogoland c'est bon pour les élections, et fait gicler les pépettes! Sans compter que l'ancien proprio est pas chaud pour raquer le ménage, déjà qu'il a fallu se fendre pour le plan...comment déjà...ha ouais, social!
Ben crac! Niet! A l'inventaire, protégé et tout, à coup d'arrêtés, de machins administratifs, tampons et le reste...pouah...pas vraiment modernes...hé, y parait même que la tour Eiffel ne fait pas que des adeptes?

13 février 2008

Purgatoire des folies



"Cent cinquante-six internements abusifs recensés dans le seul hôpital psychiatriques de Tours de 1971 à 1973, qui dit mieux? (...)


"J'ai été admis sans aucun papier officiel", commente aujourd'hui l'ex-fou toujours aussi furieux, "ce fut ma seule chance, sinon j'y serai peut-être encore". (...)


Si vous n'avez pas compris où le gardien psy de la paix sociale veut en venir, voici quelques lignes d'une étude datée de 1913, signée par l'éminent docteur Dide, inventeur des "idéalistes passionnés" : "Les idéalistes de la beauté originale aboutissent souvent à l'anarchie, les idéalistes de la bonté arrivent au sadisme, les idéalistes de la justice, s'ils sont altruistes, fournissent les réformateurs politiques, les régicides, et constituent, au moment des grands mouvements populaires, de véritables calamités sociales." Ils veulent déranger le monde? Donc ils sont dérangés."



Extrait de "ça n'arrive qu'aux autres" de Bernard Thomas, chroniques du Canard Enchaîné du 17.3.1982.

8 février 2008

La vallée des anges




Bling bling 45 minutes d'arrêt...pour autant de blabla ronflant...c'est le temps consacré par l'hyper pour évoquer Grandange, l'usine d'Arcelor rachetée par l'indien dans la ville, et une énième fermeture à la clef. Et vite on passe à autre chose, on remballe les projos et on file...

Et de s'engager à faire "tout son possible", sans ricaner, avec tes caisses vides, tes poules de luxes et tout ton fatras qui scintille le toc...
Mais qui pense-t-il bouffonner?

800 types sur le carreau Wendel...longue série de privatisation des profits pour autant de socialisation des pertes...vieille habitude du comité des forges...

Uckange, Grandange, la vallée des anges...passe. Dédicace pour eux.

2 février 2008

Machine à remonter le temps





"Un recensement effectué en 1886 comptait 1 126 000 immigrés en France, sans parler des saisonniers. Nos compatriotes, en ces temps reculés, étaient racistes. Des ratonnades avaient lieu parfois, à Marseille par exemple. Contre les Italiens, accusés d'être des pouilleux, de violenter les femmes, de voler leur travail aux bons français. L'une à Aigues-Mortes, en 1881, fit trente morts. Une autre fois en 1911 à Paris, toutes les boutiques d'alimentation ritales et juives, donc tenues par des affameurs étrangers, furent pillées. Heureusement, à force de réciter en choeur "Nos ancêtres les Gaulois", tout finit par s'arranger. (...)"


"Pour tenir à leur place ces êtres que les loubards de banlieue nomment en verlan rebeux, les autorités ont créé des ghettos à leur semblance, où il paraissent prospérer, la cité des Flamands à Marseille, Picon ou la Busserine, talus dégoulinants de boue, vagues terrains de rebut où rient des gosses hâves parmi les baraques à lézardes: des lieux où peut s'épanouir la civilisation qu'ils aiment à base de crasse de misère et d'ignorance. Les gardiens de la paix entourent ces bas-fonds de rondes et de contrôles incessants. Afin que ces hères ne risquent pas d'envahir les logements pour vrais français, où ils élèveraient leurs chèvres dans les baignoires, les municipalités établissent des quotas. Pour que les gosses ne cèdent pas à la tentation de s'assimiler, les enseignants les maintiennent dans les classes poubelles. Question boulot, comme on a pris soin de ne leur laisser acquérir aucune spécialisation, ils n'en trouvent pas. Ce qui démontre à quel point ils sont fainéants. (...)"


"Il a eu deux potes tués, Moussa, à la cité des Flamands : Nouari, abattu par un CRS, au cours d'un "contrôle"; Zaïr, 17 ans, tué par un civil qui lui reprochait d'être trop bruyant. Le CRS a été remis en liberté. Le civil ne risque pas grand-chose. Moussa est ingrat. Il a le droit de vote. Encore faut-il y croire."

Extrait de "ça n'arrive qu'aux autres" de Bernard Thomas, chroniques du Canard Enchaîné du 22.4.1981.